Cantique XI
Claude Hopil
Qu'est-ce donc que je vois ? Quelle vision pure !
Je vois le Créateur, en lui la créature,
Je vois l'être et le rien,
Je vois le rien en Dieu, l'être qui l'être pâme,
Si l'un me fait mourir, l'autre ravit mon âme
Dans son souverain bien.
Je vois le néant simple en la nature belle.
Quel prodige ! un néant du néant se révèle
En moi par le péché ;
Mais si sortant de moi j'élève au ciel la vue,
Je vois le Dieu de Dieu, dans une claire nue
Le Soleil est caché.
Tirez un peu le voile, ô gardien céleste,
Afin que comme amour mon Dieu se manifeste,
Non comme vérité ;
Je ne sais que je dis, l'amour, la sapience ,
Avec la vérité sont une même essence
Dedans la Trinité.
Hé ! qu'est-ce que je vois ? je ne vois nulle chose ;
Si fait, je vois un Tout ; l'effet ne voit la cause ;
Ha ! j'ai perdu l'esprit ;
Hé ! qui ne le perdrait devant cet Être immense
Dans lequel l'Ange trouve en sainte défaillance
La vie en Jésus-Christ ?
Claude Hopil