Les champs enfarinés de neige éparpillée
Jean Godard
Les champs enfarinés de neige éparpillée
Sont tapissés de blanc, et les arbres couverts
De gros monceaux neigeux tremblent presque à l'envers,
Borée galope en l'air comme à bride avalée.
On marche maintenant sur la Seine gelée,
Et sans crainte de rien on la passe au travers,
Le vent rabat les huis d'un branlement divers,
Au centre de Pluton la chaleur s'est coulée.
Tout est pour le présent hérissé de glaçons,
On n'oserait sortir maintenant des maisons,
Tant ce janvier-ci fait craindre sa froidure,
Si n'éteint-elle point mon brasier amoureux,
Ni mon feu ne fond point son glaçon froidureux,
Ainsi pour vous, Madame, et chaud et froid j'endure.
Jean Godard