Puis qu'ainsi sont mes dures destinees
Etienne De La Boetie
Puis qu'ainsi sont mes dures destinees,
J'en saouleray, si je puis, mon soucy,
Si j'ay du mal, elle le veut aussi :
J'accompliray mes peines ordonnees.
Nymphes des bois, qui avez, estonnees,
De mes douleurs, je croy, quelque mercy,
Qu'en pensez-vous ? Puis-je durer ainsi,
Si à mes maux tresves ne sont donnees ?
Or si quelqu'une à m'escouter s'encline,
Oyés, et pour Dieu, ce qu'orez je devine :
Le jour est prez que mes forces jà vaines
Ne pourront plus fournir à mon tourment ;
C'est mon espoir ; si je meurs en aimant,
A donc, je croy, failliray je à mes peines.
Etienne De La Boetie