Quand le pilot voit le nord luire ès cieux
Jean Antoine De Baif
Quand le pilot voit le nord luire ès cieux,
La calme mer ronfler sous la carène,
Un doux zéphyr soufrer la voile pleine,
Il vogue, enflant son coeur audacieux.
Le même aussi, quand le ciel pluvieux
Des vents félons meut l'orageuse haleine,
Qui bat les flancs de sa nef incertaine,
Humble, tapit sous la merci des dieux.
Amour ainsi d'une assurance fière
Haussa mon coeur, tandis que la lumière
De tes doux yeux me pouvait éclairer ;
Las ! aujourd'hui que je te perds de vue
Quelle âme vit d'amour plus éperdue
Quand fors la mort ne puis rien espérer ?
Jean Antoine De Baif